L'Élevage

Dindes : une bonne alimentation pour une chair savoureuse

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Accueillez à votre table une dinde bien élevée : si elle a mangé ce qu’il faut, quand il faut, comme il faut, elle sera assurément une invitée… de bon goût ! En effet, c’est bien l’alimentation qui assure la saveur et les bienfaits nutritionnels de la dinde. On fait donc le point sur la composition, la provenance et la fabrication de l’alimentation de cette viande tant appréciée : la dinde est la deuxième volaille la plus produite au monde.  

Grains ou miettes de blé, de maïs, de colza ou de tournesol… mais aussi gravillons : les dindes sont de vraies gloutonnes ! Et ce, dès les premières semaines suivant leur éclosion, voire dès les premières heures. Les trois premiers jours de leur vie, il est même indispensable de mettre à leur disposition un buffet à volonté pour poser les bases de leur croissance. Il est alors totalement hors de question de les priver de nourriture : quelques heures de jeûne seulement suffiraient à mettre en péril leur bon développement. 

Cette précaution des premiers jours se prolonge tout au long de la durée de l’élevage des dindes. Elles exigent en effet une attention de chaque instant pour produire une viande de qualité, à la hauteur des attentes des consommateurs.  

Alimentation : des miettes aux granulés

Dans la plupart des élevages, chaque dinde bénéficie quotidiennement de 25 à 350 g de nourriture selon son âge : petit dindonneau deviendra grand !  Leur nourriture est issue de recettes soigneusement élaborées, grâce au savoir-faire pointu des professionnels du secteur qui mettent leur expertise au service des besoins spécifiques de ces volailles, imposantes mais fragiles.  

L’alimentation d’une dinde de chair est ainsi essentiellement composée de céréales, comme le maïs ou le blé (60 à 70 %), mais également de protéines végétales comme le tournesol, le soja, le colza, le pois (30 %) et d’une pincée d´oligoéléments et de vitamines (10 %), qui lui apportent le calcium pour consolider ses os.  

Mais attention, la nourriture des dindes de chair n’est pas servie n’importe comment ! Elle prend une forme bien précise, issue d’un processus de fabrication minutieusement établi pour répondre à des critères stricts ajustés en fonction des différents besoins de la dinde, selon son âge. 

Durant les premiers jours de l’élevage, le professionnel commence à nourrir le dindonneau avec des aliments en miettes tamisées et de petits granulés durs qui ne dépassent pas 3,5 mm de diamètre. Il peut aussi lui proposer des farines un peu moins fines ou encore des micro-granulés de 1,5 à 2 mm de diamètre.  

Peu à peu, l’éleveur passe progressivement de la petite miette au granulé plus gros mais, toujours avec le plus grand soin, sans brusquer les habitudes de l’animal. En effet, le dindonneau est difficile : si le granulé est trop gros ou trop long, il refusera catégoriquement de le manger ! Cela peut être catastrophique car, s’il ne se nourrit pas correctement pendant plus de douze heures d’affilée, il peut avoir un retard de croissance et une accrue sensibilité aux troubles intestinaux.   

La dinde est un bec fin qui apprécie également… les cailloux. Pour bien digérer, les dindes ont en effet besoin d’ingérer du gravier, qui assure un meilleur transit intestinal et une bonne activité du gésier. Le grit (petit gravier) peut, dans un premier temps, être directement incorporé au milieu des granulés, au moins trois jours par semaine jusqu’à ce que la dinde de chair atteigne ses 8 semaines. Ensuite, lorsque la dinde est plus grande, ce gravier est proposé en complément dans les mangeoires ou trémies auxquels elles ont librement accès dans les poulaillers. 

Enfin, du fourrage grossier, frais ou sec, peut être ajouté à la ration journalière de la dinde de chair. 

En France, selon la charte du Comité Interprofessionnel de la Dinde Française (CIDEF), tous les aliments distribués aux dindes doivent être produits localement, directement au sein de la ferme où se situe l’élevage, ou bien fournis par des fabricants d’aliments agréés ou enregistrés. Ces normes sont reprises par le Guide de Bonnes Pratiques de la Fabrication des Aliments composés (GBP AC), reconnu par l’arrêté du 18 septembre 2008.  

De leur côté, les dindes bénéficiant des signes officiels de qualité Label Rouge et Bio répondent à des obligations spécifiques. Par exemple, les dindes bio sont nourries avec des aliments tous issus de l’agriculture biologique. 

Les dindes sont routinières

Chez la dinde, tout changement de régime alimentaire doit être minime et graduel, pour éviter qu’elle boude sa nourriture ! Et, pour une dinde au sommet de sa forme, tous les ingrédients utilisés doivent évidemment être d’excellente qualité. En ce sens, les céréales de provenance française sont une valeur sûre.  

Selon les fabricants d’aliments, la nourriture de la dinde peut être enrichie en huiles végétales (soja, tournesol) – mais attention aux excès ! Les dindes sont routinières : toute variation dans leur alimentation est mal perçue. La qualité et la taille des granulés doivent d’ailleurs rester identiques d’une livraison à l’autre. Le fournisseur de l’alimentation pour dindes n’a pas la liberté de faire évoluer ses recettes comme il l’entend : la dinde fait la fine bouche !    

Certains éleveurs utilisent même un tamis de calibrage pour mieux assurer cette stabilité de la nourriture au fil du temps. Ils peuvent aussi proposer à leurs délicats volatiles des blocs de minéraux et de végétaux à picorer, ce qui améliore leur santé intestinale et enrichit leur alimentation en oméga 3. Des omégas 3 qui se retrouveront au final dans votre assiette, un vrai bonus pour votre santé et celle de vos convives amateurs de dinde !  

Quant aux reines des reines, les dindes de Bresse, les seules à bénéficier d’une AOC – AOP (Appellation d’Origine Contrôlée / Protégée), elles ont un régime particulier. Elles dégustent à petites becquées des pâtées enrichies de lait, ne picorent que du soja, et sont engraissées pendant quatre semaines entières, afin de devenir dodues à souhait pour votre plus grand plaisir ! 

Mais, quelle que soit la dinde, lorsqu’elle est produite en France, vous pouvez être sûr qu’elle n’aura avalé aucun antibiotique facteur de croissance, ni hormone ou autres farines animales. 

Et, quand elle a accès à un parcours extérieur, cette volaille aux goûts bien affirmés en profite pour enrichir son régime et profiter des bienfaits de l’herbe tendre, des insectes et des vers de terre, des baies et de toute autre nourriture provenant du sol et des arbres qu’elle a la possibilité d’explorer aux alentours !

Une eau pure et à volonté

Si la dinde a besoin de bien se nourrir, elle a également besoin de bien s’hydrater ! Si elle ne boit pas suffisamment ou boit une eau de mauvaise qualité, cela va se répercuter sur sa croissance et sa santé. Les éleveurs mettent donc à disposition de leurs volailles, tout au long de la durée de l’élevage, de l’eau pure à volonté et régulièrement contrôlée.  

Il s’agit d’une eau potable – bien sûr – qui provient au choix d’un réseau ou d’un forage. Elle peut également provenir d’une eau de surface (eaux de pluie, cours d’eau, etc.) mais uniquement si elle a été assainie auparavant. Les dindes ont soif de propreté et leur eau est étroitement surveillée, régulièrement analysée pour assurer leur parfaite santé. Elle leur est servie dans des rampes d’abreuvement rigoureusement entretenues par les éleveurs.  

La charte du Comité Interprofessionnel de la Dinde Française (CIDEF) spécifie que le circuit d’approvisionnement utilisé pour acheminer l’eau jusqu’aux dindes doit être en bon état, démontable et nettoyable. L’éleveur le nettoie et le désinfecte régulièrement pour servir une eau limpide à ses volailles. De plus, selon la charte, le matériel d’abreuvement doit être conçu et disposé de manière à éviter les gaspillages. 

La dinde : nourrissante et peu calorique !

Bien nourrie, bien élevée, la dinde va fournir une chair excellente, non seulement au niveau de son goût, mais aussi de ses qualités nutritionnelles tout en ne fournissant que très peu de calories. Une escalope de dinde crue, c’est seulement 109 kcal pour 100 g ! (Source : Ciqual – ANSES) 

La viande de dinde constitue notamment une très bonne source de protéines : selon les morceaux, la dinde contient de 20 à 25 % de protéines, qui participent notamment au renouvellement des tissus musculaires, de la matrice osseuse, de la peau, etc. ainsi qu’à de nombreux processus physiologiques, par exemple sous la forme d’enzymes digestives, d’hémoglobine, d’hormones, etc. 

D’ailleurs, les protéines de la dinde ont une haute valeur biologique, car elles sont constituées d’acides aminés essentiels, avec une forte densité protéique – autrement dit, beaucoup de protéines pour peu de calories.  

Par ailleurs, la viande de dinde est naturellement pauvre en lipides. Avec une teneur moyenne de 2,5 g/100 g, elle est considérée comme une viande particulièrement maigre. 

Pour 100 grammes de viande, l’escalope de dinde n’apporte que 1,6 g de lipides, constitués de plus de 60% d’acides gras insaturés et de 23 % d’acide linoléique, important dans la prévention des accidents cardio-vasculaires… Au contraire, sa teneur en acides gras saturés, dits « mauvais gras » est faible (0,8 g/100 g). 

Résultat : la composition lipidique de la dinde est proche de certaines huiles végétales, sa teneur en cholestérol est très faible (15 à 40 mg/100g selon les morceaux) et il s’agit d’une mine de vitamines et de minéraux.  

De plus, la dinde contient toutes les vitamines du groupe B (une seule escalope de 150 g suffit à couvrir l’ensemble des besoins journaliers) et beaucoup d’antioxydants (vitamine E, C, sélénium), qui favorisent notamment la prévention de l’athérosclérose. 

Enfin, une escalope de dinde crue contient en moyenne 1,02 mg de fer pour 100 g (Source : Ciqual – ANSES). Un fer qui est héminique, c’est-à-dire d’origine animale, mieux assimilé par l’organisme que celui des végétaux et des légumes secs.  

Avec ces nombreuses qualités nutritionnelles et son faible apport calorique, la dinde a toute sa place au sein d’une alimentation équilibrée ! 

*CIDEF, Comité interprofessionnel de la dinde française