Les poulets sont les volailles les plus importées en France. Alors que l’origine française est de plus en plus plébiscitée par les consommateurs, la proportion de poulets en provenance de l’étranger ne cesse de grandir.
Dans nos assiettes, c’est près d’1 poulet sur 2 (45 %) qui était d’origine étrangère en 2021 ! Un taux qui a bondi : ce chiffre était encore de 40 % en 2010 et de seulement 25 % en 2000, soit 1 poulet sur 4.
Le phénomène touche particulièrement les poulets, davantage que les autres volailles : 17 % des dindes sont importées et 7 % des canards. Du côté des pintades, toutes celles consommées en France sont même produites en France !
A l’échelle européenne, les importations de viande de poulet représentent presque 6 % de la consommation des citoyens. Cette proportion grimpe à 25 % lorsqu’il s’agit des filets. Cela signifie qu’1 filet de poulet sur 4 consommés en Europe n’est pas produit dans un pays de l’Union Européenne ! Ils proviennent alors à plus de 30 % d’importations du Brésil, près de 20 % de Thaïlande et 16 % d’Ukraine (2020). Ces importations de filets ukrainiens montent en puissance à une vitesse vertigineuse et font figure de menace commerciale très inquiétante aux portes de l’Union Européenne.
La menace des poulets brésiliens avec le Mercosur
Le Brésil, plus important pays producteur de volailles du Mercosur (marché commun d’Amérique du Sud), dispose d’autorisations d’exportation déjà conséquentes vers l’Union européenne. Plus de 443 000 tonnes accordées en 2019 à droits de douane réduits ou nuls. Malgré cela, la Commission européenne semble prête à augmenter encore les quotas accordés au Brésil, qui en profiterait pour accroître ses ventes de volailles à bas coûts en Europe…
Pourtant, il faut savoir que ces volumes importés sont destructeurs pour toute la filière française. Les éleveurs français, qui respectent une réglementation très stricte en matière d’environnement et de bien-être animal, ne peuvent pas rivaliser face à des produits issus d’élevages qui ne répondent pas du tout aux mêmes règles ! Le prix au kilo du poulet européen est ainsi trois fois plus élevé que celui du poulet brésilien.
Les éleveurs français ne comprendraient pas la ratification de l’accord commercial entre l’Europe et les pays du Mercosur. Cela mettrait en danger la souveraineté alimentaire de l’Europe et plus particulièrement de la France. Autoriser des importations brésiliennes supplémentaires reviendrait à mettre en concurrence des filières aux modes de fonctionnement très différents, qui ne sont pas animées par les mêmes valeurs et qui ne sont pas amenées à respecter les mêmes exigences sur les bonnes pratiques d’élevages.
Aux portes de l’Union Européenne : le poulet ukrainien
Depuis 2014 et la signature de l’accord de libre-échange avec l’Ukraine, les importations de viande de poulet en provenance de ce pays ont progressé de manière exponentielle : de 20 000 tonnes en 2014, elles sont passées à 80 000 tonnes en 2017, et à près de 128 000 tonnes en 2020. Ces volumes dépassent largement les autorisations accordées à l’Ukraine, qui ne s’élèvent pas à plus de 40 000 tonnes ! En réalité, les exportateurs utilisaient une faille dans la réglementation douanière pour exporter massivement des volailles sur le territoire européen, en dehors des contingents qui leur étaient alloués. Si l’Union européenne a mis fin à ces contournements de la réglementation, l’Ukraine, avec ses fermes géantes, fait pression pour augmenter ses exportations vers l’Europe.
Le coût de production du poulet ukrainien est nettement plus bas qu’en France. Son prix avoisine celui du poulet brésilien et le pays ne respecte pas les mêmes normes en matière de bien-être animal que celles qui sont en vigueur dans les élevages de l’Union européenne. Pourtant, l’Ukraine veut rouvrir les négociations pour obtenir le droit de vendre encore plus de volailles en Europe ! Un retour à la table des négociations de l’Union européenne qui serait incompréhensible pour les professionnels de la filière avicole.
L’origine des volailles en restauration : une information indispensable
1er mars 2022 : voici la date d’entrée en vigueur du décret obligeant les professionnels de la Restauration Hors Domicile (cantines, restaurants, …) à indiquer l’origine française de toutes leurs viandes, y compris de la volaille. Il s’agit d’une victoire pour la filière, mobilisée pour lutter contre la concurrence sauvage des importations à bas coût. En effet, si 45 % des poulets consommés en France proviennent de l’étranger (2021), cette proportion grimpe jusqu’à près de 80 % lorsqu’il s’agit des approvisionnements des établissements de restauration. L’Interprofession des volailles de chair (ANVOL) vous encourage à systématiquement vous informer sur l’origine des viandes indiquée sur les menus et les cartes afin d’éclairer vos choix, au même titre que ce que vous avez pris l’habitude de faire en magasins, grâce au logo “Volaille Française”.
Désormais, c’est avec impatience que les professionnels de la Volaille Française attendent que cette obligation d’identification de l’origine française des viandes dans les restaurants commerciaux et collectifs s’étende aux viandes transformées et élaborées. Pour le moment, le décret est en effet limité aux viandes fraîches réfrigérées, surgelées ou congelées.
C’est aussi avec détermination qu’ANVOL œuvrera pour étendre ces obligations dans toute l’Union Européenne, dans le cadre de la stratégie « De la fourche à la fourchette ».