L'Élevage

La dinde blanche : grande dame des élevages français

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Souvent considérée comme la reine de nos tables de fêtes, la dinde se déguste en réalité au quotidien et en toutes saisons. Son élevage répond en France à des normes strictes de bien-être animal, de qualité sanitaire et de conduite d’élevage, permettant d’offrir une viande savoureuse à tous les gourmets. 

Et les Français ne s’y trompent pas : plus de 6 foyers sur 10 consomment de la viande de dinde1. Du côté des élevages, la France est devenue le troisième pays producteur européen de dinde de chair et le cinquième à l’international (source CIDEF).   

Parmi les quelques 200 espèces qui existent dans le monde, les dindes blanches sont devenues majoritaires dans les élevages français. Elles ont ainsi détrôné l’imposant “Bronzé d’Amérique”, connu pour son plumage noir aux reflets bronze, et qui a longtemps régné sur les basses-cours françaises où il a été introduit dès 1870. 

La dinde : une tante d’Amérique !

Il y a environ dix millions d’années, la dinde vivait à l’état sauvage sur le continent américain, du Mexique jusqu’au Canada. Les Amérindiens l’ont domestiquée, élevée et l’ont cuisinée… avec une sauce au chocolat ! Cette recette de « chilemolli », un ragoût de dinde au cacao et au piment, était en effet très appréciée des Aztèques, et son héritière, la « dinde sauce mole », est même devenue le plat national du Mexique !  

Christophe Colomb ne pouvait manquer de découvrir la dinde en débarquant dans le « Nouveau Monde » ! Elle doit d’ailleurs son nom à l’erreur bien connue des conquistadores, qui croyaient avoir débarqué en Inde, et qui la nommèrent donc “poule d’Inde”.  

Alors qu’elle est devenue la star incontestée du repas de Thanksgiving´s Day aux USA, c’est aussi grâce à elle que les premiers colons, débarqués en 1620 du Mayflower et menacés par la famine, échappèrent de justesse à la mort !  

Chez nous, elle s’est très vite imposée à la table de Noël, concurrençant l’oie traditionnelle, puis tout au long de l’année.  

Éleveur de dindes ? Tout un métier !

Le métier d’éleveur de dindes de chair ne s’improvise pas, tant il suppose amour des animaux, engagement et professionnalisme au quotidien. 

Pour commencer, l’éleveur prépare son poulailler à l’arrivée des dindonneaux : propreté, litière, température, degré d’humidité et ventilation doivent être au top pour accueillir les dindonneaux d’un jour dans des conditions optimales de confort. Les dix premiers jours d’élevage sont décisifs pour garantir les meilleures conditions sanitaires, de bien-être et de croissance des animaux. 

Si assurer un bon démarrage est essentiel, c’est bien l’intégralité de la conduite de l’élevage qui nécessite une grande attention et une alimentation équilibrée des animaux. L’éleveur prend ainsi soin de ses dindes durant près de 3 mois pour les femelles et plus de 4 mois pour les mâles. 

Jamais seul au monde !

L’éleveur est loin d’être seul au milieu de ses animaux ! Il est inscrit au cœur d’une filière dont le fonctionnement s’articule autour de nombreux acteurs : 

  • Couvoir et élevages de dindes de reproduction fournissent les dindonneaux d’un jour, mâles et femelles, vaccinés pour les immuniser contre certaines maladies spécifiques aux dindes. Ces élevages de reproduction et ces couvoirs assurent la production d’œufs à éclore et obéissent à des règles sanitaires très strictes pour protéger les animaux de toute contamination extérieure. Ces règles s’appliquent tout au long des trois ans de vie des femelles et cinq ans de vie des mâles reproducteurs. 
  • Entreprises de nutrition animale garantissent la livraison d’aliments adaptés à l’âge des dindes, composés principalement de céréales (60 à 70%) pour l’apport énergétique, d’oléo-protéagineux comme le soja (15 à 25 %) pour les protéines nécessaires à la croissance et au développement musculaire, d’oligo-éléments et de vitamines répondant au bon fonctionnement de l’organisme. 
  • Équipes de ramassage, formées au bien-être animal et à la biosécurité, assurent le prélèvement des volailles. 
  • Transporteurs acheminent les volailles dans des conditions optimales de sécurité, de qualité sanitaire et de bientraitance animale. 
  • Intervenants comme les vétérinaires chargés de s’assurer de la santé des animaux, des techniciens d’élevage qui accompagnent l’éleveur dans le respect des bonnes pratiques et de la qualité de l’environnement. 

Tout est sous contrôle !

Sur le plan de la santé, toutes les dindes françaises sont élevées sans antibiotique facteur de croissance et sans hormone, conformément à la réglementation en vigueur. De plus, dès 1993, la filière dinde s’est lancée dans une démarche volontaire et rigoureuse connue sous l’appellation « Contrat de progrès CIDEF », récemment renommée « Charte EVA ». Cette Charte regroupe les bonnes pratiques d’élevage en termes de sécurité sanitaire, de santé et de protection animales, d’environnement, de sécurité des personnes, etc. La notion de progrès y est privilégiée afin de maintenir un équilibre entre la recherche d’un niveau élevé de qualité des dindes et la nécessaire pérennité économique des élevages. Depuis 2020, tous les abattoirs français se sont engagés à se fournir uniquement auprès d’élevages conformes à la charte EVA.   

Au-delà de cette démarche de certification sous accréditation, qui fait l’objet d’audits annuels par des organismes indépendants, la filière dinde, tout comme celle du poulet, du canard et de la pintade, s’inscrit dans le Pacte Ambition ANVOL, porté par l’Interprofession Nationale de la Volaille de chair. Il vise à renforcer les conditions de bien-être des volailles en leur offrant de la lumière naturelle, des objets à picorer, des perchoirs… 

Les élevages standards : les plus répandus

Ces élevages de dindes sont les plus nombreux en France. Les femelles y sont élevées pendant 11 à 12 semaines et les mâles pendant 15 à 16 semaines pour atteindre 7 à 9 Kg pour les premières et de 14 à 18 Kg pour les deuxièmes. Ces élevages peuvent accueillir jusqu’à 7000 ou 7500 volailles pour 1000 m² et sont conduits au sein de poulaillers de 500 m² à 1500 m².  

Les élevages de dindes certifiés : au-delà des standards

Ces élevages répondent à un cahier des charges français de certification de conformité produit (CCP), cadré par un arrêté ministériel du 21/12/2007.  

Si les conditions d’élevage se rapprochent de celles des élevages standards, le cahier des charges impose de respecter des bonnes pratiques supplémentaires et exige un âge d’abattage minimum de 70 jours, souvent plus proche de 77 à 85 jours dans la pratique, et une alimentation composée au minimum de 65% de céréales pendant la moitié de la vie de l’animal. 

En complément des audits de la charte professionnelle EVA, ces élevages sont intégrés au sein d’une filière (couvoir, élevages, groupement d’éleveurs, usine de nutrition animale et abattoir) qui auditée annuellement par un organisme indépendant. 

Élevages de dindes fermières sous Label Rouge

Ces élevages sous signe officiel de qualité répondent à des exigences spécifiques sous réglementation européenne. Ils présentent la spécificité d’offrir aux dindes un parcours extérieur arboré d’au moins 6 m² par dinde, dès leurs huit semaines. 

Les volailles destinées à la découpe y sont élevées durant un minimum de 98 jours pour les dindes et de 126 jours pour les dindons. Pour les volailles commercialisées entières, l’âge est même prolongé jusqu’à un minimum de 140 jours. 

L’ensemble des poulaillers ne peut excéder 1600 m² et chacun reçoit 2 500 volailles maximum. Quand ces élevages disposent d’un parcours extérieur non clôturé, l’élevage est dit « fermier – élevé en liberté ». 

Ces élevages Label Rouge sont intégrés au sein d’une filière auditée annuellement par un organisme indépendant sur l’ensemble de ses maillons : couvoir, élevages, groupement d’éleveurs, usine de nutrition animale et abattoir. 

Ce mode d’élevage est principalement présent en France, où il s’inscrit dans le cadre d’un cahier des charges s’autorisant à fixer des exigences supérieures à la réglementation européenne.  

Élevages de dindes fermières sous agriculture biologique

Si ces élevages sont calqués sur les caractéristiques des dindes fermières Label Rouge, ils présentent des spécificités liées à l’Agriculture Biologique. L’alimentation des dindes est bio, obtenue sans usage de produits chimiques de synthèse et sans OGM (< 0,9%). 

Ces élevages répondent à minima à la réglementation européenne pour en faire un signe officiel de qualité. En France, ils répondent aussi à une réglementation plus contraignante et se distinguent par un logo différent. 

Élevages de dindes fermières sous Appellation d’Origine Contrôlée

Les dindes de Bresse sont les seules à bénéficier de l’AOC et répondent à un cahier des charges très strict. L’élevage se fait en plein air, sur un parcours bocager de 20 m² de prairie par dinde dans la zone d’appellation d’origine (Rhône-Alpes, Bourgogne et Franche-Comté), l’alimentation est enrichie avec du lait et l’abattage se fait à 7 mois minimum. Ces dindes festives constituent le fleuron de la gastronomie française et sont destinées à la période de Noël.