L'Élevage

Éleveur de volailles : enquête sur un métier-passion

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Le métier d’éleveur ne s’improvise pas. C’est un métier à la fois passionnant et très exigeant, qui nécessite une solide formation avant de se lancer. Beaucoup d’éleveurs parlent d’ailleurs de passion avant de parler de métier. C’est en effet une activité qui allie proximité quotidienne avec les animaux, pour les observer et leur prodiguer tous les soins dont ils ont besoin, et maîtrise des nouvelles technologies avec l’utilisation d’équipements de dernière génération. Ces deux aspects permettent à l’éleveur d’assurer la bonne gestion de l’atmosphère du poulailler (ventilation, température), de l’alimentation, de la biosécurité, de l’aménagement des parcours extérieurs quand il y en a, etc. Chaque élément est déterminant pour assurer le bien-être des animaux et leur bonne santé tout au long de la durée de l’élevage.  

Une brochette d’experts au service des poulets  et des dindes !

Lorsqu’il s’installe, un éleveur peut faire le choix de devenir indépendant et de vendre sa production en circuit court (vente directe à la ferme, sur les marchés, les foires…). Dans la majorité des cas, l’éleveur fait cependant partie d’une organisation de production avec laquelle il est sous contrat, ou d’une coopérative dont il est adhérent. Ces structures se chargent alors de commercialiser pour lui ses poulets et/ou ses dindes. Qu’il soit indépendant ou non, un éleveur n’est jamais isolé. Selon les cas, il est entouré de différents experts qui l’accompagnent dans la bonne gestion de son entreprise. Il travaille ainsi en lien étroit avec des techniciens et des conseillers d’élevage, des vétérinaires, des auditeurs, des conseillers en gestion et comptabilité, des équipementiers, etc.  

Des poulets et des dindes toujours bien élevés !

En France, il n’existe pas une seule et unique façon d’élever des volailles. La filière propose en effet une large diversité de modes d’élevages. Il y en a pour tous les goûts et dans toutes les régions de France. Il est ainsi possible d’exercer sa passion dans un élevage  :  

  • Standard  
  • Certifié (Certification de Conformité Produit – CCP) ; 
  • Label Rouge
  • Bio  
  • AOC – AOP (Appellation d’Origine Contrôlée-Protégée), comme c’est le cas des Poulets de Bresse, qui correspondent à une race bien précise (Bresse-Gauloise). 

Dans tous les cas, un éleveur de poulet de chair ou de dindes destine les animaux qu’il élève à la commercialisation de leur viande et il sait que seules des volailles élevées dans les meilleures conditions pourront répondre aux attentes du marché.  

Éleveur de poulets et de dindes standards : un modèle de précision ! 

Les poulets standards élevés en poulailler sont les poulets les plus consommés et les plus produits dans le monde (plus de 98%) et en France (environ 80%). Dans notre pays, les éleveurs de poulets standards possèdent en moyenne deux poulaillers de 1 200 m² chacun pour pouvoir vivre de leur métier. Chaque poulailler héberge de 18 000 à 25 000 poulets environ, selon les conditions d’élevage et les cahiers des charges qu’ils doivent respecter.   

Quant aux dindes standards, elles sont essentiellement destinées à la découpe. Comme les poulets, les dindes standards évoluent librement au sein de poulaillers modernes, d’une surface pouvant aller de 500 à 1500 m2 et dans lesquels les volatiles sont élevés au sol avec, à leur disposition, nourriture et abreuvement à volonté. Un poulailler de 1 000 m2 peut accueillir de 7 000 à 7 500 dindes. Les femelles sont élevées durant douze semaines, les mâles pendant quinze à seize semaines. 

Pour gérer son élevage standard, que ce soit de poulets ou de dindes, le professionnel utilise un matériel haute performance. Il est équipé d’outils de précision qui lui offrent une parfaite maîtrise de l’ambiance de son poulailler : température, ventilation, lumière, alimentation, etc. Rien n’est laissé au hasard pour que les poulets et les dindes puissent grandir dans les meilleures conditions possibles.  

L’éleveur d’aujourd’hui est un éleveur connecté ! Une application sur son téléphone portable lui permet de garder un lien permanent avec son poulailler et donc de surveiller le confort de ses animaux. Il est alerté à la moindre défaillance de son système et peut ainsi intervenir immédiatement en cas de problème, par exemple une panne de moteur, une fuite d’eau, etc.  

Mais la technologie ne fait pas tout, l’éleveur va bien entendu tous les jours au contact de ses animaux et les observe même plusieurs fois par jour, suit au quotidien leur croissance, leurs paramètres de santé et de confort, entretient leur litière et effectue des rajouts de paille chaque fois que nécessaire, règle, nettoie et assure la maintenance des équipements…   

S’il aime forcément les animaux, un éleveur ne doit pas être allergique aux papiers !  Il tient évidemment à jour des documents d’élevage pour assurer la traçabilité de ses poulets et de ses dindes jusqu’au consommateur et gère ses relations avec ses partenaires techniques, administratifs et financiers. L’éleveur doit également s’informer et se former régulièrement pour rester à jour des nombreuses évolutions réglementaires, sociétales et professionnelles qui touchent son secteur.  

En phase avec l’actualité du marché et de la société, les éleveurs de poulets de chair et de dindes standards ont ainsi renforcé depuis plusieurs années leurs investissements en matière de bien-être animal, de conditions de travail, d’environnement…   

Ils enrichissent en particulier le cadre de vie de leurs animaux avec des perchoirs, des “jouets”, etc. pour favoriser l’expression de leurs comportements naturels. Ils ouvrent également progressivement leurs poulaillers à la lumière naturelle en installant des fenêtres. Ainsi, l’interprofession française de la volaille de chair (ANVOL) a pris l’engagement qu’au minimum 50 % des élevages seront équipés de fenêtres d’ici à 2025. Le rythme actuel d’investissement est soutenu et les élevages de poulets devraient dépasser l’objectif avant l’échéance !  

Les poulets et dindes certifiés : ils ne sont pas ordinaires !

Un éleveur qui souhaite s’engager au-delà de la réglementation régissant les élevages standards peut opter pour l’élevage de poulets ou de dindes sous Certification de Conformité Produit (CCP). Il respecte alors un cahier des charges privé, qui est contrôlé par des organismes indépendants. Les élevages CCP ont notamment la particularité de produire des races de poulets ou de dindes issues de souches rustiques, dites à croissance intermédiaire.  

Les poulets passent au moins 56 jours dans l’élevage et sont alimentés avec un minimum de 70 % de céréales. Les dindes y sont élevées durant 17 à 18 semaines pour les mâles.  

De plus en plus de poulets élevés sous Certification de Conformité Produit (CCP) bénéficient désormais également d’un accès à un parcours extérieur, dits “free-range” en anglais. En dehors du poulailler, chaque poulet dispose alors d’une surface de 1 m2. En intérieur, la densité est limitée à 27,5 kg par m2.  

Les poulets fermiers et dindes fermières ne manquent pas d’air !

Pour se démarquer et proposer des produits sous signes officiels de qualité, l’éleveur de poulets de chair et de dindes a la possibilité de s’installer en tant qu’éleveur de poulets fermiers ou de dindes fermières. Son élevage devra alors être labellisé : soit Agriculture Biologique, soit Label Rouge ou encore AOC-AOP (Appellation d’origine Contrôlée-Protégée), qui ne concerne à ce jour que les Poulets et les Dindes de Bresse.   

Ces modes d’élevages sont notamment caractérisés par un accès au plein air. On parle alors de poulets fermiers ou de dindes fermières de plein air.   

Les poulets et les dindes ont en effet la possibilité de sortir du poulailler sur des parcours extérieurs suffisamment grands pour qu’un seul poulet puisse disposer d’un espace minimal de 4 m² en agriculture biologique et de 10 m2 pour une dinde. En Label Rouge, cet espace extérieur doit être de 2 m² par poulet et de 6 m2 pour chaque dinde. Pour le Label Rouge, il existe même un cahier des charges spécifique, où le parcours extérieur est illimité : il s’agit alors de poulets fermiers ou de dindes fermières « en liberté ».   

Chez l’éleveur AOP, les poulets, qui ne sont que de la race Bresse-Gauloise, doivent avoir un espace de 10 m2 pour chacun d’entre eux. Quant aux Dindes de Bresse AOP, on en compte environ une pour 20 m2 de prairies. Elles ont la particularité d’être uniquement destinées au marché de Noël.  

Et les dindes élevées à la ferme sans label ? Certaines dindes fermières Noires de Sologne, d’Auvergne ou encore de Normandie peuvent être élevées selon un mode d’élevage proche de celui des dindes fermières Label Rouge, excepté qu’elles ne sont pas encadrées par une réglementation. Elles proviennent alors d’éleveurs indépendants ou de petites organisations de production locales dont le sérieux n’est a priori pas à mettre en cause. Elles sont majoritairement destinées au marché de Noël. 

Quel que soit le type d’élevage fermier, tous les poulets disposent de poulaillers pour s’abriter. Ces bâtiments sont en effet conçus comme des refuges où l’éleveur de poulets de chair veille à fournir un espace sain et protecteur à ses volailles, en assurant la bonne circulation de l’air, en offrant de l’eau et une nourriture adaptée, etc.  

La conformité de ces installations d’élevages est contrôlée à différents niveaux. Tout d’abord, c’est bien évidemment à l’éleveur lui-même de s’assurer que son élevage est établi dans les règles de l’art, mais pas seulement ! Sa conformité est également soumise à des contrôles externes, notamment de la part de l’État et d’organismes certificateurs indépendants qui certifient du bon respect des cahiers des charges.   

L’Europe : gardienne des poulets

Un éleveur de poulets est soumis à de nombreuses règles. À l’échelle européenne ou nationale, il doit prendre en compte les diverses réglementations qui régissent de nombreux aspects de la vie des animaux : alimentation, litière, abri, soins… Un éleveur a un cadre très strict à respecter. 

Il faut s’avoir que l’Europe joue un rôle majeur au niveau de la réglementation en matière d’élevage. Devenir éleveur de poulets de chair, fermiers ou non, c’est d’abord respecter des directives européennes.  

Si l’Union européenne supervise autant la production des poulets de chair, c’est pour garantir une concurrence loyale entre les différents pays membres. Les standards de production sont fixés au niveau européen, puis des spécificités sont apportées au sein de chacun des États membres. 

L’Europe fixe ainsi les bases suivantes : 

  • L’éleveur de poulets et son personnel doivent être formés : titulaires d’un certificat attestant de leur formation ou prouvant qu’ils ont acquis une expérience équivalente  
  • Un poulailler doit accueillir au maximum 33 kg de poulet/m2 avec dérogations possibles jusqu’à 42 kg/m2 dans certaines circonstances et si l’installation est adaptée. 
  • La puissance de l’éclairage dans les poulaillers : la lumière apportée à la hauteur des yeux des poulets doit être de 20 lux minimum pendant les périodes de luminosité. 
  • La fixation d’une période d’obscurité obligatoire d’au moins 6 heures quotidiennes, dont 4 heures ininterrompues. 
  • Des plafonds à ne pas dépasser en termes de température intérieure, de niveau d’ammoniac, de CO2 et d’humidité relative moyenne(2)

Lorsqu’un éleveur veut se lancer dans la production de poulets sous Certification de Conformité Produit (CCP) ayant accès au plein air, c’est-à-dire les poulets « free-range », il doit également se soumettre aux règles spécifiques définies par l’Europe. S’il se lance dans ce type d’élevage, l’éleveur de poulet de chair doit : 

  • compter 13 poulets au m2 maximum à l’intérieur de son poulailler ; 
  • abattre ses animaux après 56 jours minimum  ; 
  • permettre aux animaux d’accéder à un parcours extérieur. 

Les éleveurs suivent scrupuleusement ces règles et ils sont régulièrement contrôlés, que ce soit par leurs partenaires ou par les autorités administratives compétentes. 

Des aides pour s’envoler vers le métier d’éleveur

Envie de vous installer en tant qu’éleveur de poulets de chair ? Vous savez quel mode d’élevage choisir, où vous installer, vous avez bien ficelé votre projet économique ? Alors, peut-être que vous pourrez obtenir des aides européennes, nationales et/ou régionales à l’installation et/ou l’investissement.  

Bien entendu, ces financements sont soumis au respect des cahiers des charges en fonction du type d’élevage visé, du statut de l’exploitation et de la nature des éventuels travaux. De plus, elles sont soumises à un certain niveau de formation car, on ne s’improvise pas éleveur de poulets de chair ! Il existe plusieurs formations possibles : 

  • la Certification d’Aptitude Professionnelle Agricole (CAPA) ; 
  • le Bac professionnel Conduite et Gestion d’Exploitation Agricole, option Systèmes à dominante élevage ; 
  • Le certificat de spécialisation avicole qui apporte une compétence complémentaire avec une expérience de terrain dans le domaine de la conduite d’un atelier de volailles ; 
  • Le BTS Agricole Analyse et conduite des systèmes d’exploitation ; 
  • Les écoles d’ingénieurs agronomes. 

Le plus souvent, les aides sont majorées pour les jeunes agriculteurs. Pour les cas spécifiques, il ne faut pas hésiter à s’adresser aux organisations professionnelles telles que les chambres d’agriculture, les syndicats agricoles ou les groupements de producteurs de volailles. 

Une profession bien organisée et représentée

Au niveau national, la filière du poulet de chair standard et certifié est organisée au sein du Comité Interprofessionnel du Poulet de Chair (CIPC), qui est membre de l’interprofession Volaille de Chair (Anvol). Le CIPC participe au développement du métier et a créé une charte interprofessionnelle qui constitue une référence pour le bien-être animal, la conformité des installations, la sécurité, l’hygiène et la biosécurité. 

Quant à la filière des dindes, elle est organisée au sein du CIDEF, Comité Interprofessionnel de la Dinde Française. Sur l’initiative du CIDEF, le Code des Bonnes Pratiques des produits de Dinde et de Dindonneau et le Contrat de Progrès ont été mis en place afin de garantir auprès du consommateur la qualité et la sécurité des produits mis en marché. 

En ce qui concerne les élevages de volailles fermières et œufs sous signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO), l’éleveur travaille avec des organisations régionales de production qui sont représentées par le SYNALAF (Syndicat National des Labels Avicoles de France). La vocation du Synalaf est principalement de défendre et de promouvoir les labels avicoles tout en assurant la cohérence du système Label Rouge appliqué aux volailles et aux œufs. Cette mission s’exerce tant sur le plan national qu’au niveau européen et international.